L’entrepreneuriat est essentiel pour résorber le chômage. Et les initiatives viennent souvent de particuliers novateurs, très souvent même de chômeurs, mais qui n’ont pas tous les moyens d’emprunter des sommes significatives pour lancer leurs projets, ni des banques prêtes à les soutenir. En réponse à cette situation, les organismes de micro-crédit se sont multipliés ces dernières années dans le monde et en France. L’objectif de toutes ces initiatives est de satisfaire une demande de financement de personnes normalement exclues des circuits financiers et ainsi de jouer un rôle dans la réduction du chômage et donc de la pauvreté. Le micro-crédit est-il pour autant une arme efficace contre le chômage ?
Microfinance – L’adage a raison : on ne prête qu’aux riches Le problème avec les banques, c’est qu’elles ne prêtent qu’à ceux qui ont déjà de l’argent. Comme le définissait un jour l’acteur René Bergeron, un banquier est un « Homme secourable qui vous prête un parapluie quand il fait beau et vous le réclame dès qu’il commence à pleuvoir. » Au-delà de la caricature, il est effectivement très difficile pour quelqu’un qui ne possède pas un bien immobilier ou un compte en banque déjà bien garni d’obtenir un prêt bancaire pour créer sa propre petite entreprise. De plus, les banques n’aiment pas prêter des petites sommes, car les frais de gestion ne permettent pas de dégager un profit. Gérer 100 comptes clients de 1000 euros génère à peu près autant de profit qu’un seul compte de 100 000 euros, mais implique cent fois plus de travail et beaucoup plus de frais de gestion. Pour nous enrichir tous, prêtons aux pauvres ! Depuis longtemps, des économistes comme Friedrich von Hayekou et Joseph Schumpeter de l’école autrichienne d’économie ont avancé l’idée qu’une économie prospère nécessite une répartition de l’argent sur l’ensemble de la population. Quand un trop grand nombre est sans ressources ou doit recourir à des usuriers pour financer ses projets, l’ensemble de la société est appauvri. Depuis le XVe siècle, quand des moines franciscains ont inventé les monts de piété, diverses tentatives ont été tentées pour remédier à ce problème : les sociétés coopératives d’épargne et de crédit en Rhénanie ou encore les organismes mutualistes comme les coopératives de Mondragón au Pays basque espagnol. Dans les années 1970 l’économiste Muhammad Yunus développe la Grameen Bank au Bangladesh pour fournir aux pauvres des moyens de créer leur propre emploi et permettre de mutualiser le risque associé aux prêts.
Paul Boucher
« Professeur d’université à la retraite, Paul aime observer le monde moderne et ses évolutions. Il s’intéresse tout particulièrement à l’économie sociale et solidaire et au développement durable. Animateur d’une équipe de bénévoles à l’ADIE en Maine et Loire, il est en contact tous les jours avec des personnes qui tentent de sortir du chômage en créant leur propre entreprise, ainsi qu’avec les autres acteurs de l’économie régionale. »