La microfinance est une véritable révolution dans le monde de l’économie. Les plus pauvres, majoritairement des femmes, qui n’avaient jusqu’ici aucun espoir d’obtenir un prêt autrement qu’en faisant appel à des usuriers ont enfin la possibilité d’investir et de bâtir des projets sur le long terme. Muhammad Yunus, l’inventeur du micro-crédit, affirme s’être inspiré des femmes de son pays pour développer cette nouvelle finance.
La microfinance : pour qui, dans quel but ?
Le concept de microfinance a été inventé dans les années 70 par le professeur Muhammad Yunus et désigne les « dispositifs permettant d’offrir des crédits de faible montant – microcrédits – à des familles pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises » (définition empruntée au site Portail de la microfinance).
La microfinance s’adresse en premier lieu aux femmes car de nombreuses études ont montré que les femmes, davantage que les hommes, ont le pouvoir d’entrainer une nouvelle dynamique de croissance économique et de développement social. En donnant accès aux emprunts bancaires aux femmes les plus pauvres, le microcrédit joue un rôle capital en matière d’autonomisation des femmes et aide à revaloriser leur rôle au sein de leur communauté.
Fin 2006, parmi les personnes les plus pauvres du monde, plus de 79 millions de femmes avaient bénéficié des services de la microfinance.
Les atouts et les faiblesses de la microfinance
Selon la Banque mondiale, en Afrique et en Inde, des milliers de femmes qui ont monté une petite entreprise grâce au microcrédit ont acquis une indépendance financière qui leur permet notamment d’assurer aux membres de leur famille un meilleur accès aux soins et à une alimentation saine. Leurs enfants sont donc en meilleur santé et ont de plus grandes chances que les autres de poursuivre des études au moins jusqu’au secondaire.
Par le biais de la microfinance, des femmes ont également eu accès à la propriété et ont ainsi pu s’émanciper juridiquement des hommes (leur père ou leur mari) qui, du point de vue légal, étaient jusqu’alors seuls à pouvoir prendre des décisions.
Néanmoins, la microfinance comporte des risques. En effet, de nombreux microcrédits se transforment en micro-endettements, que les bénéficiaires ne peuvent rembourser qu’en demandant de l’argent à des amis ou des usuriers. Les dettes ne faisant que s’aggraver, le microcrédit devient une source d’appauvrissement au lieu d’aider les plus pauvres à se sortir de la misère. Sans compter qu’avec eux peuvent aussi sombrer ceux qui ont accepté de leur prêter de l’argent alors qu’ils étaient déjà très pauvres.
Quant aux utilisations inappropriées de la microfinance, lui-même s’inquiète des pratiques de certaines banques qui proposent des taux d’intérêt très élevés dans le but d’augmenter leurs propres bénéfices aux dépends des plus pauvres.
L’impact des femmes sur la croissance économique
Selon une étude récente de la Banque mondiale (disponible en anglais), l’augmentation du nombre de femmes entrepreneurs et le fait que les femmes participent de plus en plus aux prises de décision des entreprises ont permis de réduire les effets de la crise financière. Il s’avère que dès lors que les filles ont accès à l’éducation et au prêt bancaire, elles sont un bien meilleur « investissement » sur le long terme que les garçons, et ce pour plusieurs raisons:
- elles réussissent mieux leurs études,
- elles parviennent à s’insérer dans une économie en pleine mutation (par exemple, les secteurs tertiaires de service et de communication se sont largement féminisés),
- elles gèrent mieux leur capital et réalisent des investissements souvent plus rentables que les hommes (comme le montre l’étude McKinsey, les entreprises où des femmes ont des postes importants sont économiquement plus performantes que celles où ces postes sont essentiellement occupés par des hommes),
- ce sont enfin des consommatrices très influentes (80% des décisions d’achat seraient prises par les femmes).
- Les femmes, bien plus que les hommes, utilisent leurs revenus pour financer l’éducation de leurs enfants et leur offrent ainsi de meilleures chances de trouver un emploi.