La situation de l’environnement en Haïti

Les problèmes environnementaux en Haïti deviennent de plus en plus menaçants. Si pour certains cette situation est prioritaire, pour d’autres c’est juste un problème comme un autre. Pourtant cela devient de jour en jour le mal du pays. Cette question est si complexe qu’il faut à chaque fois tenter de la découvrir sous d’autres angles et chercher à comprendre comment y faire face. L’Environnement, l’un des « E » prioritaires du gouvernement haïtien, ne peut plus attendre. Appréhender le problème consiste, selon certains observateurs, à prendre en compte un tas de facteurs liés à la physiographie, la climatologie, aux ressources en sol, aux ressources forestières, aux ressources en eau, aux ressources maritimes et côtières, à la flore, à la faune du pays.

Selon l’agronome Jean André Victor, le déboisement d’origine paysanne est un autre fondamental qui a comme origine l’extension de la petite exploitation agricole. Des estimations sérieuses montrent qu’à partir de 25 habitants au kilomètre carré, l’équilibre agricole risque de basculer, et qu’à partir de 35 hab/km2, c’est le système agricole lui-même qui est en péril. En Haïti, la densité de population est en moyenne de 200 hab/km2. Certaines zones agricoles atteignent jusqu’à 800 hab/km2, a-t- il fait remarquer.

Certains spécialistes croient qu’Haïti représente une dépression au quadruple point de vue de la géomorphologie, de la climatologie, de la lithologie et de l’érosion. Autrement dit, les risques de désastres qu’encourt le pays, comme les tremblements de terre, les cyclones, les tempêtes tropicales, les glissements de terrain et les éboulements sont liés en grande partie à notre position géographique, notre topographie et notre histoire géologique.

Pour d’autres, notre pays fait partie de l’arc insulaire des Antilles né de la jonction des plaques tectoniques Caraïbe et Atlantique. Cette situation l’expose à des tremblements de terre pouvant être parfois très violents et entraîner des raz de marrée, comme à Saint-Marc en 1932, et des destructions importantes, comme à Port-au-Prince en 1750 et 1770, à Cap-Haïtien en 1842 et en 1887, à Anse-à-Veau en 1952 ou encore Port-au-Prince le 12 janvier 2010.

En outre, certaines études présentent Haïti comme un pays montagneux dont 60 % de la superficie est constitué de pente de plus de 20 %. Le pays accuse aussi une vulnérabilité par rapport aux changements climatiques qui se laissent observer à travers la magnitude des modifications de la température et des précipitations. Alors que le tableau se caractérise aujourd’hui par la déforestation ou tout simplement la désertification de diverses régions, consécutivement à l’abattage sauvage des arbres, l’épuisement des terres agricoles en raison de la pratique de l’agriculture intensive sur brûlis, la pollution des sols et des eaux à cause des engrais et rejets industriels de tous genres et la pollution de l’air liée à l’émission de gaz toxiques.

Depuis plus de trois ans, Haïti, la Somalie, l’Afghanistan et la Sierra-Leone ont été recensés comme les quatre pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Dans un rapport en 2009, Oxfam avait montré à quel point le changement climatique constitue un ingrédient mortel qui s’ajoute au cocktail toxique haïtien : insécurité alimentaire, prix des aliments en forte hausse, pauvreté et déforestation massive. Les responsables d’Oxfam Haïti, croient qu’il faut adopter les mesures susceptibles de combattre l’érosion, d’encadrer les agriculteurs et de mieux gérer les ressources en eau potable. Cent cinquante milliards de dollars par année, c’est la somme proposée par Oxfam pour réduire les impacts du réchauffement climatique dans le monde.

D’un autre côté, les spécialistes estiment que pour répondre aux besoins en combustibles ligneux, le pays est obligé d’abattre chaque année 12 millions d’arbres. Cela correspond à une consommation qui varie entre 3,4 à 4,05 millions de tonnes de bois de feu (1 326 000 et 1 580 000 de tonnes d’équivalent en pétrole). De ce total, 37 % sont prélevés pour être convertis en charbon de bois, dont la quantité oscille entre 250 et 280 000 tonnes chaque année.

L’État haïtien est loin d’être prêt à faire face aux changements climatiques compte tenu de la complexité des problèmes liés à son environnement. C’est en tout cas l’avis de l’ingénieur Dieuseul Anglade, ex-directeur général du Bureau des mines et de l’énergie. Selon lui, très peu d’efforts sont entrepris dans le sens de la protection de l’environnement depuis le séisme du 12 janvier 2010 à nos jours. En fait, M. Dieuseul Anglade croit qu’il y a tellement de priorités à définir dans le pays aujourd’hui qu’on néglige parfois, et de bonne foi, d’autres problèmes fondamentaux qui, dans un avenir très proche, peuvent être fatals pour Haïti et toute sa population.

La pollution de l’environnement haïtien, très préoccupante

La pollution de l’environnement haïtien exige une réponse immédiate, la mauvaise gestion des immondices, le déversement des déchets à travers les rues et dans les rivières sont un danger pour la santé de la population.

Un décret-loi portant sur la gestion et la protection de l’environnement a été adopté en conseil des Ministres le 12 octobre 2005. Les responsabilités des citoyens, des collectivités territoriales, des entreprises et des institutions gouvernementales dont le ministère de l’Environnement sont fixées dans ce décret qui permet d’introduire dans la législation haïtienne les principes consacrés dans les accords internationaux, en particulier le principe pollueur-payeur dans la gestion de l’environnement. Selon ce décret-loi, les pollueurs pourraient répondre devant la justice, voire être emprisonnés pour les dommages causés à l’environnement. Pourtant aujourd’hui, ce décret n’est toujours pas mis en application. Chaque année la pollution de l’environnement cause des milliers de victimes.

La situation environnementale dégradante du pays appelle à une prise de conscience de tous les acteurs agissant dans ce domaine plus précisément l’engagement de l’Etat dans la mise en œuvre d’une stratégie  les points suivants :

  • Encadrer les paysans agissant sur les bassins versants;
  • Freiner le phénomène de l’exode rural;
  • Appliquer et faire appliquer la loi contre tout agent pollueur de l’environnement;
  • Mettre en œuvre des programmes de formation dans les écoles, les universités, dans les stations de radio afin de sensibiliser le public en particulier les jeunes et les enfants sur la gestion et la protection de l’environnement;
  • Développer d’autres sources d’énergies alternatives pour la cuisine.

Le niveau de dégradation de l’environnement du pays aujourd’hui est très préoccupant et menace la survie de la population. Cela exige la responsabilité de l’État et la conscience citoyenne, « on doit profiter de la reconstruction d’Haïti pour redonner une nouvelle image à l’environnement physique du pays » Il est également question pour les autorités étatiques de prendre des mesures afin de protéger l’environnement et aussi de sensibiliser les gens sur la nécessité de s’engager dans la lutte visant à empêcher la pollution.

La coupe effrénée et sans aucune contrôle du gouvernement a eu des conséquences désastreuses sur l’environnement du pays notamment le problème de l’érosion et qui a été aggravé à partir de 2004 et 2008 avec les différentes cyclones que le pays connaît chaque année. Il convient alors que des mesures soit prise afin d’éviter les problèmes de famines dû généralement à l’érosion dans le pays, parmi lesquelles on peut citer:

  1. Une politique de reforestation qui sera menée par le ministère de l’environnement en collaboration avec le ministère de l’agriculture en vue d’augmenter la couverture forestière du pays. Le gouvernement accordera une place de choix aux jeunes en les faisant participer à ce programmes qui pourra être mener au moins une fois par mois et ils pourraient également instituer un jour de l’année comme la journée de reboisement ;
  2. La mise en place du corps de garde de parcs nationaux pour la protection des arbres dans les divers parcs du pays ;
  3. Une politique d’encouragement des énergies alternatives tels que le kérosène, le propane, l’énergie solaire, éolienne qui devra s’accompagner d’une politique de subvention du propane car le gouvernement doit comprendre que tant que le prix d’un sac de charbon sera supérieur au prix du propane on ne pourra pas décourager le commerce du charbon et les entrepreneurs du secteur charbon de bois pourront se reconvertir dans la vente de propane, kérosène, etc ;
  4. Une politique de conversion des grands consommateurs de bois tels que les dry cleanning et les boulangeries. Le gouvernement devra mettre sur pied une politique favorisant le crédit à ces entrepreneurs auprès des banques en leur servant de garant pour une partie du montant du prêt ;
  5. Une politique de sensibilisation des adultes sur les méfaits de la coupe des bois et en les encourageant à planter deux, trois ou plus de plantes au cas où ils doivent en couper car il ne faut oublier l’aspect économique de la dégradation de l’environnement d’Haïti. Les jeunes seront encouragés dans cette initiative par la mise sur pied de programme de civisme environnementale.Chaque citoyen Haïtien doit comprendre que l’environnement est un bien commun qu’il faut protéger, car sa détérioration pourrait entraîner notre disparition, comme ce fût le cas de l’île de Pâques. A l’heure du réchauffement planétaire, il est urgent de mettre sur pied une politique de reboisement afin de diminuer notre vulnérabilité par rapport aux catastrophes naturelles. Le gouvernement devra mettre les moyens en place afin d’augmenter les ressources du ministère de l’environnement dont le plus grand travail serait à l’heure actuelle le reboisement d’Haïti.

La coupe des arbres contribue à rendre plus vulnérable le milieu haïtien et la déforestation a un impact significatif sur l’intégrité des écosystèmes dans le monde

Conséquences pour Haïti

Socio-économique

Sur le plan socio-économique, le déboisement provoque la chute considérable des systèmes de productions, le chômage pour les agriculteurs et donc la pauvreté accrus. Depuis 1975, les surfaces cultivables ont diminué de moitié en Haïti alors que plus de 70 % de la population pratique une agriculture de survie et 80 % vit avec moins de 2 dollars par jour. De plus quand viennent des catastrophes liées à la déforestation, ceux-ci augmentent les charges de l’état qui est toujours en situation de gérer l’urgence selon EDDY Saint-Gilles. Les dommages causés par le déboisement démesuré dans le Parc Macaya sont estimés à plus de 19 millions de dollars américains chaque année, selon des chercheurs de l’Université de Floride.

Dégradation et appauvrissement des sols

Le déboisement accentue l’érosion des sols haïtiens déjà pentus. Environ 40 millions tonnes de sols s’en vont dans la mer chaque année, soit une perte estimée à près d’un million dollars annuellement. Malgré tous les avantages tirés de l’exploitation des ressources ligneuses d’Haïti (source de revenus pour une grande majorité de la population des villes et des campagnes, économie de devises fortes évaluées en dizaines de millions de dollars américains), il est évident que cette forme d’exploitation minière (les prélèvements sont de loin supérieurs aux régénérations) conduit le pays à une catastrophe écologique qui se manifeste déjà sous plusieurs formes (ensablement des barrages, lessivage des sols fertiles, obstructions des canaux de drainage, inondation des parties basses, sécheresse prolongée, etc.) .

Le milieu

L’érosion des sols et le déboisement ont déjà créé de nombreux réfugiés environnementaux parmi la population haïtienne. En 2007, les pluies diluviennes d’octobre ont affecté la vie de 700 000 enfants et de 1,4 million d’Haïtiens, selon Véronique Tavau, porte parole de l’UNICEF à Genève. 45 morts ont été enregistrés et 7000 familles sinistrées. Quelques jours après, Noël frappait l’île de Kiskeya faisant plus de 62 morts, 16 blessés, 105 disparus, 10 226 familles sinistrées, 18712 personnes placées dans des centres d’hébergement et 1853 maisonnettes ont été détruites et 8735 endommagées .

L’impact de la production du bois énergie sur la dégradation de l’environnement rural est très mal connu malgré toutes les opinions fantaisistes qui circulent sur la question. lianna était la . Toutefois, les forces qui poussent vers la dégradation et qui se nomment pression démographique, pauvreté extrême et insécurité foncière sont bien connues. C’est pourquoi, il convient de distinguer entre la dégradation sans le bois énergie la dégradation par le bois énergie. (Jean André Victor, 1997) . La dégradation sans le bois énergie intervient lorsqu’elle est pratiquée pour faciliter la plantation de caféiers, pour la récolte de bois d’œuvre destinés à l’exportation et pour permettre l’implantation de cultures vivrières. Cette déforestation combinée aux actions des pluies tropicales, à la forte proportion des pentes abruptes et à l’absence de pratiques conversationnistes produit l’érosion. L’accumulation des quantités énormes de sols dans les plaines à un rythme trop rapide provoque le mauvais drainage des sols qui en accumulant trop de sels conduit à la salinisation de ceux-ci. La salinisation des sols est un des principaux facteurs conduisant à la désertification.

La dégradation par le bois énergie intervient lorsqu’on pratique la surexploitation de certaines aires de production, l’exploitation de la mangrove et de la montagne humide. Le fait de ne disposer d’aucune connaissance sur le potentiel de production durable de charbon de bois constitue aussi une forme de dégradation. En effet, les sites, les superficies, les rendements, les espèces et les fréquences de coupe sont totalement inconnus.

La biodiversité en Haïti

La déforestation contribue à fragiliser considérablement les ressources naturelles, si l’on en croit l’agronome Norris. Aussi, assiste-t-on à l’érosion du sol, à la diminution des ressources en eau puisque l’infiltration de l’eau dans le sol baisse.

– Des espèces (fruitières, forestières, herbacées…) sont en voie de disparition, menacées ou devenues rares.

– Au niveau de la faune: 10/17 espèces endémiques (mammifères, reptiles et oiseaux ont déjà disparu. Pour M. Norris, l’abattage des arbres contribue à détruire l’équilibre de l’écosystème. « Un arbre, c’est un point d’interaction entre différentes ressources. À travers ses racines, il retient le sol. Il joue aussi un rôle important dans la régulation du cycle de l’eau. C’est enfin un élément qui sert d’abri à la flore et à la faune. Bref c’est un élément régulateur des autres ressources naturelles que sont la terre, l’eau, l’air, la flore et la faune», dit-il . « La coupe effrénée des arbres du parc Macaya commence à avoir des incidences négatives sur des zones avoisinantes. Randel, un village limitrophe, est aujourd’hui menacé d’une catastrophe semblable à celle qu’a connue Gonaïves en septembre 2004 » .

 

Conséquence au-delà des frontières d’Haïti

En Hiver, des espèces d’oiseaux migrateurs évitent le Canada et voyagent vers d’autres régions y compris les Caraïbes à la recherche de climat plus chaud. Durant les haltes migratoires ou bien arrivé à destination, si l’habita est endommagé ou perdu, les conséquences peuvent être considérables. C’est le cas par exemple de l’un des espèces clés, comme la grive de Bicknell, l’oiseau migrateur chanteur qui se reproduit dans le nord-est d’Amérique du Nord dont on estime 90 % de la population mondiaux hiverne sur l’île d’Hispaniola, où la perte d’habitat en cours est un problème grave.

Quand un touriste qui vient de importe quel région du monde se rend en Haïti parce qu’il s’intéresse à notre culture ou pour visiter nos paysages, ces conséquences néfastes de la déforestation lui empêchera de jouir pleinement de tout ce que la biodiversité Haïtienne pourrait offrir comme spectacle ou en termes de services éco systémiques.

L’importance des arbres va plus loin que quand on la coupe en Haïti à des fins agricoles, pour le commerce ou pour la combustion. Voir importance de nos arbres . La déforestation d’un lieu que ce soit affect la terre entière de manière néfaste. Les arbres sont les poumons de la terre.

Cela nous ramène à toujours dépendre de l’aide internationale lors des catastrophes dans les régions vulnérabilisées par les conséquences de la déforestation.

 

Perspectives de solution Pour Protéger l’environnement

Agir pour protéger notre environnement, c’est avant tout changer nos habitudes, nos moeurs et nos vieilles pratiques. C’est une affaire extrêmement sérieuse qui demande l’attention, l’engagement, la contribution et l’investissement de tous les citoyens et de toutes les citoyennes du pays. Les vicissitudes de la vie, les problèmes quotidiens peuvent facilement nous vaincre, mais c’est à nous de décider de nous relever ou pas. Haïti se trouve aujourd’hui à un carrefour où elle a besoin de ses fils et de ses filles pour se relever. Jeunes, vieux, écoliers, étudiants, politiciens, artistes, nous avons tous pour mission de nous mobilisé et pour sortir Haïti de ses ornières.

  1. Agriculture
  • Concilier compétitivité de l’agriculture, des pratiques agricoles et protection de l’environnement est considéré comme une illusion. En fait, il n’y a aucune solution générale à ce problème : il faut donner aux agriculteurs et aux agents de développement les moyens d’adapter les modes de production à la diversité des conditions pédoclimatiques, des exigences du marché et des réglementations.
  • Réduire l’importation des produits extérieurs et favoriser les produits locaux.
  • Il faut qu’il y ait aussi un strict respect de la vocation des terres.
  • Construire et réhabiliter les infrastructures agricoles pour une meilleure commercialisation des produits agricoles locaux.
  • Construire ou réhabiliter les systèmes d’irrigation au niveau des plaines du pays. A titre d’exemple, le petit périmètre irrigué de Roche-à-Bateau devrait être réhabilité.
  • placer en aval de la production des agro-industries afin d’intercepter les denrées au moment de la récolte et de les mettre sous d’autres formes de consommation.
  • Promouvoir et encourager l’achat et la consommation des produits locaux via une vaste campagne de sensibilisation au détriment des produits importés qui envahissent le marché local.
  • L’état devrait subventionner les intrants et les outils agricoles et mettre également une banque de crédit agricole à la disposition des planteurs.
  • les agriculteurs devraient bénéficier d’une assistance technique dans la mise en place des systèmes de culture tout en ayant un agronome spécialisé en production végétale et un technicien agricole à leur disposition, et ceci, par commune.
  • Renforcer la capacité technique des planteurs en organisant des séances de formation sur des référentiels techniques modernes. Par exemple, on peut développer la technique de minis et dans l’igname, la technique de PIF (plants issues de fragment) dans la banane, le compostage…

Nous pourrons redynamiser le secteur agricole en abordant les problèmes de l’agriculture dans leur complexité, puis, grâce au couplage des connaissances sur les moyens de production et sur les itinéraires techniques modernes, nous produirons davantage pour mieux nourrir notre peuple.

  1. Réhabilitation de la couverture végétale

La première chose à faire, c’est d’implanter des systèmes agro-forestiers à base de caféier et de cacaoyer dans des espaces déboisés du pays pouvant satisfaire aux exigences de ces cultures. Le café et le cacao sont des plantes ombrophiles. Ils viennent très bien sous les arbres. Ils vont nous aider à reboiser leurs principales zones de production dans le pays telles que : Beaumont, Pestel, Corail, Roseaux, Tiburon, Les Anglais, Rendel, Dondon, Pilate, Plaisance, Anse à Foleur, Mont-Organisé, Baradères …

  • Il faut réhabiliter les parcs nationaux via un reboisement systématique et un déploiement des agents forestiers, en établissant l’ordre et la sécurité au niveau des parcs. Du reste, il faut prévoir une vaste campagne de reboisement sur les pentes supérieures à 20%, autrement dit, dans les différents bassins versants du pays, accompagné d’un plan de monitoring pour s’assurer que les reprises des plantules soient effectuées.
  • La meilleure façon de lutter contre l’érosion est de maintenir une bonne couverture végétale. A défaut de cette couverture, utiliser des structures antiérosives pour protéger nos bassins versants telles que les bandes végétales, le clayonnage, le fascinage, les cordons et les murettes en pierres sèches, l’agroforesterie et conservation des sols.
  • Reprofiler les principales rivières du pays. On peut citer le cas de la rivière de Bainet, de Port-à-Piment, de Roche-à-Bateau, de l’Acul du sud, etc. Ceci permettra d’éviter les débordements de nos rivières lorsqu’elles sont en crues.
  • Reprofiler les principales rivières du pays. On peut citer le cas de la rivière de Bainet, de Port-à-Piment, de Roche-à-Bateau, de l’Acul du sud, etc. Ceci permettra d’éviter les débordements de nos rivières lorsqu’elles sont en crues.
  • Il faut trouver une autre source d’énergie alternative susceptible de remplacer le charbon de bois au niveau des ménages. Par exemple, on peut utiliser des réchauds à gaz propane dans les ménages mais il faut que ça soit à un prix dérisoire.
  • Restaurer les principales zones de mangroves du pays.
  • Nettoyer le littoral haïtien en prélevant les sédiments, les déchets qui s’y trouvent afin de faciliter la vie dans cet écosystème.
  • Réduire la pauvreté dans le monde rural en générant de l’emploi afin que les planteurs cessent d’abattre les arbres pour en faire du charbon.
  • Renforcer, promouvoir et appliquer la législation favorisant la protection du cadre environnemental haïtien.
  • Il faut renforcer la capacité des institutions œuvrant à la protection de notre environnement, notamment le ministère de l’environnement, appelant à faire respecter les règles qui régissent notre milieu afin qu’elles remplissent pleinement leur rôle.
  • Il faut prévoir une campagne d’éducation environnementale, portant particulièrement sur les différents services écologiques rendus par nos écosystèmes. On devrait également renforcer l’éducation civique de la population afin qu’elle prenne conscience de la nécessité de protéger notre milieu.

Ces mesures devraient servir à une éventuelle réhabilitation de la couverture végétale et ses corollaires et du même coup, mettre fin à l’exploitation intensive du bois dans les forêts et les ensembles bocagers et ralentir ainsi le processus d’érosion qui emporte des milliers de tonnes de terre arable vers la mer annuellement.

La gestion des déchets: traitements et solutions

La gestion des déchets a toujours été un défi majeur pour les municipalités. Ce qui montre la faiblesse de l’État haïtien dans la gestion et la maintenance d’un cadre de vie idéale, propre et saine en vue de garantir un environnement propre et durable à ses concitoyens. Nous ne sommes pas sans savoir que les déchets, les immondices peuvent se constituer en source de contamination et transmettre des germes de maladies aux citoyens. Ils peuvent aussi donner naissance aux différents vecteurs de maladie tels que les anophèles et autres. A noter que l’anophèle transmet la malaria. Nous ne pouvons pas oublier la fameuse contamination du fleuve de l’Artibonite suite à un déversement des excréments des soldats népalais dans le fleuve. Vous connaissez sans doute les conséquences. Donc, il est impérieux aujourd’hui d’encourager, de sensibiliser tout un chacun sur la nécessité de s’engager dans la lutte contre l’insalubrité, contre l’impropriété afin de réduire ou d’éliminer les risques de contamination des personnes contre les maladies comme le choléra, le paludisme, la diphtérie, la malaria etc.

Voici quelques propositions devant servir à remédier à la situation :

Renforcer la capacité des municipalités dans le but d’améliorer leurs services de voirie.

  • Sensibiliser les ménages pour qu’ils ne déversent pas leurs ordures dans les rues après les pluies
  • Apprendre aux ménages à placer leurs déchets dans des poubelles destinées à cette fin.
  • Identifier des points de décharge où les ménages peuvent déverser leurs ordures ménagères régulièrement, ou tout au moins, les camions de leur municipalité respective viendront les chercher régulièrement suivant un calendrier bien défini.
  • Utiliser des récipients qui peuvent être réutilisés en lieu et place des sachets plastiques. A titre d’exemple, au lieu d’acheter trois sachets d’eau pour cinq gourdes, on peut acheter logiquement un gallon d’eau, un flacon d’eau … car ces récipients peuvent être réutilisés ou recyclés.
  • Pour ceux ou celles qui font les courses, il faut acheter des produits qui sont frais, qui ne sont pas fanés et qui ne tombent pas en putréfaction depuis sur le marché. On peut considérer le cas des produits périssables tels que les choux, les betteraves, les poireaux, les tomates, pour ne citer que ceux-là. L’idée, c’est que ça aidera à limiter la production des ordures au niveau des ménages.

Ces mesures visent à contrôler et à limiter la production des déchets au niveau des ménages et permettent aussi aux municipalités de mieux faire le ramassage des ordures. Les municipalités doivent être les premiers organismes à s’engager dans la lutte contre l’insalubrité urbaine.

 

 

 

Pour ce faire, elles devraient répondre aux critères ci-dessous :

  • L’Etat devrait renforcer la capacité des municipalités en mettant à leur disposition des camions afin qu’elles puissent répondre à leurs prérogatives.
  • Les municipalités devraient placer de grandes poubelles publiques surtout dans les zones de forte concentration humaine, et également au niveau des marchés publics.
  • Bâtir un véritable plan d’assainissement et de curage des égouts et des drains dans les grandes villes du pays.
  • Etablir un calendrier de visites des zones de forte concentration dans les communes, en vue de repêcher les déchets des ménages qui sont un peu éloignés des points de décharge.
  • Il faut prévoir aussi un plan de nettoyage systématique des marchés publics.
  • Développer un partenariat avec les différentes entités telles : œuvrant dans le domaine du ramassage d’ordures.

En remplissant ces conditions, les municipalités pourront être en mesure de lutter corps et âme contre les insalubrités au niveau de toutes les grandes villes du pays. Cependant, après avoir ramassé les ordures, il faut que ces ordures-là subissent un traitement en adéquation à un système de gestion des déchets.

Donc, les municipalités doivent traiter les déchets, quelle que soit leur origine, dans le but de les valoriser soit sur le plan agricole soit sur le plan artistique.

Il faut  un plan de traitement de déchets bien détaillé et axé sur trois grands points : la collecte, le traitement et la valorisation des déchets.

  1. la collecte des déchets. Les municipalités, grâce à leurs services de voirie, arriveront à collecter un ensemble de déchets d’origines différentes. Certains sont organiques et d’autres inorganiques. Ces déchets doivent être acheminés vers les décharges publiques. On procèdera, au préalable, à un éventuel triage en vue de séparer les matières plastiques de celles organiques.
  2. le traitement proprement dit Le traitement se divise en deux parties.

Il y a le compostage d’un côté et le recyclage de l’autre côté. Le compostage Si l’on en croit Bell, le compostage se définit, du point de vue de la microbiologie de l’environnement, comme une série de décompositions biologiques contrôlées des déchets organiques.

Les déchets agricoles, domestiques et urbains sont pour la plupart composés de matières organiques. Ces produits organiques seront transformés suivant un processus de digestion, de transformation, de fractionnement et d’assimilation d’hydrates de carbone par les micro-organismes.

Alors, les produits résultant de cette décomposition serviront à fertiliser les sols dépouillés de leurs couches arables, et leur apporteront des éléments nutritifs majeurs et secondaires destinés à améliorer leurs propriétés physiques et biologiques. Par exemple, en prenant un espace de deux mètres carrés pour creuser un trou mesurant 1.5 m de hauteur, 1 m de largeur et 1.5m de longueur, On aura alors une fosse à compost. On remplira ce dernier à partir de déchets organiques domestiques. Puis on recouvrira le trou, tout en laissant passer l’oxygène, car la décomposition est aérobique. Ainsi, la fermentation aérobie sera activée, pour empêcher le dégagement de mauvaises odeurs, favoriser la décomposition des matériaux organiques et la formation d’un compost stabilisé inodore, exempt de pathogènes.

Il existe beaucoup de méthodes de compostage. Le recyclage Les matières plastiques récupérées peuvent être recyclées.

Elles vont être transformées et réutilisées à d’autres fins. A titre d’illustration, on peut constater, un peu partout dans la capitale, un ramassage systématique des récipients en plastique tels que tampico, fiesta pour les revendre à Haïti- recycling. On achète la tonne de matière plastique à 200$US. Ces matières vont être fondues et transformées en d’autres produits (sandales, gallons etc.) et en ce qui concerne les papiers plastiques des sucreries, on pourrait les utiliser dans le domaine artistique en faisant des sacs multicolores, des bourses etc.

La valorisation

De nos jours, on parle beaucoup de recyclage et de conservation de nos ressources. Le compostage est certainement l’une des meilleures façons en ce moment de réaliser ces deux objectifs. Il peut résoudre en partie les problèmes de pollution environnementale. Le compost produit sera utilisé au niveau des plaines alluvionnaires pour améliorer la structure de ces sols, et au niveau des mornes érodés pour enrayer la dégradation de ces sols.

Par exemple, on a la plaine du Cul-de-Sac, la plaine de l’Arcahaie (Cabaret y est inclus) et la plaine de léogâne où l’on pourra appliquer le compost qui sera produit par les différentes municipalités de l’aire métropolitaine. Par exemple, à Kenscoff, on utilise beaucoup de fumier et de compost pour la production des cultures maraichères.

Enfin, le compostage est une façon de recycler les déchets de la maison et du jardin, de façon à ce qu’ils améliorent entre autres la structure et la fertilité du sol.

En ce qui concerne les matières plastiques, le recyclage peut constituer un bon moyen pour combattre l’insalubrité et protéger notre environnement, il peut contribuer à enrichir l’artisanat haïtien en y ajoutant d’autres techniques, et enfin il peut générer des emplois. Le recyclage permet de transformer les vulgaires boites en plastique en de véritables oeuvres artisanales. A titre d’illustration, on peut travailler les flacons de jus (tampico), de gazeuse (fiesta, toro, ragaman etc.) de lait etc. pour produire des articles tels que : fleurs, masques, appliques murales, ceinturons, couronnes mortuaires et autres. Avec les gallons d’huile, on fabrique des arrosoirs, des cache-pots, des entonnoirs.

Les matières plastiques permettent de faire beaucoup de choses. En somme, ces propositions n’ont pas la prétention d’être une solution miracle mais plutôt une manière de percevoir les problèmes environnementaux desquels nous sommes tributaires et de comprendre la nécessité de réfléchir ensemble, aujourd’hui, pour dégager un véritable plan d’aménagement territorial qui s’inscrira dans le cadre d’un grand projet de société. Nous lançons un appel pressant à un réveil civique et patriotique et à une grande mobilisation citoyenne pour qu’Haïti puisse sortir de ses ornières.

Les élites intellectuelles du pays, les élites morales, les professionnels, les politiciens, la jeunesse en particulier, doivent dépasser leurs intérêts personnels pour affronter les grands défis de l’heure sans mettre en avant leurs ambitions politiques, mais uniquement l’amour de la patrie. Haïti est nôtre. Nous devons la sauver. Après le cataclysme du 12 janvier, on a assisté a une grande solidarité tant sur le plan national qu’international. Alors, pourquoi pas cette solidarité aujourd’hui?

Nous sommes encore dans l’abime. Au contraire, ça va de mal en pis ; le choléra, l’insécurité, le chômage, l’inflation, la misère nous guettent encore. Nous ne pouvons pas les surmonter dans la division, dans la haine et dans la jalousie. Donc, dans une approche intégrée et participative, nous arriverons à aménager notre espace et à réduire la vulnérabilité du pays pour le bien-être de la génération à venir.

Un appel solennel aux jeunes de mon pays en les invitant à prendre part à des initiatives de développement, à des activités de bénévolat, et contribuer aux efforts de protection de notre environnement.

Jeannia Dupoux 

Directrice de la fondation